Cette réplique si juste d’Yvonne nous aiguillait enfin dans la voie des questions troublantes, questions que ni elle ni moi nous n’avions encore osé nous poser à voix haute.
Pourquoi ma femme semblait-elle exclue de la vénération dont j’étais l’objet ?
Pourquoi le culte des Purs pour leur dieu, quel qu’il fût, ne revêtait-il aucun signe extérieur ?
Comment expliquer leur absence d’individualité, et qu’on ne pût leur assigner aucun âge précis ni aucune filiation ethnique déterminée ?
Pourquoi leur groupe social était-il si restreint ?
Pourquoi étaient-ils totalement illettrés ?
Qui leur avait enseigné le français ?
Comment les enterrait-on puisqu’il n’y avait aucun cimetière dans leur pays ?
D’où venaient les Immondes, ces créatures tératologiques, avortonnesques, qui fleuraient le cauchemar et la friture d’enfer ?
Pourquoi les Purs étaient-ils tous glabres et ne voyait-on chez eux ni femmes ni enfants ?
— C’est peut-être, interrompit ma femme, par cette question que nous aurions dû commencer, car elle seule peut nous livrer la clef