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impressionnante, un silence presque religieux régnaient dans ce bois et mille petits sentiers fleuris s’y entrelaçaient, feutrés d’une de ces mousses fines qui conserve à peine l’empreinte des pas. Soudain les arceaux feuillus s’éclaircirent, le soleil oblique glissa sur des grisailles entrevues. Nous arrivions au pied d’une sorte d’immense étagère de pierre toute fouillée de sculptures grossières et excavée d’une rangée de niches à Bouddhas absolument vides.

— Un temple, suggéra ma femme, d’où les dieux ont déménagé.

— À moins qu’ils n’y aient jamais élu domicile, rectifiai-je.

Car rien ne prouvait que ces niches vides eussent contenu l’image d’une divinité quelconque. Leur socle seul et leur frise étaient illustrés de scènes grossières où des silhouettes de Purs terrassaient des fauves et des monstres apocalyptiques dont les Immondes sans doute leur avaient fourni le modèle.

— Peut-être, fis-je, attendent-ils que leur dieu soit mort pour lui élever des statues et l’adorer en image ?

— Et s’ils n’avaient pas de dieu ?

— Ils nous tiennent bien pour des divins.

— Parle pour toi.