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qu’en dépit du visage basané des inconnus, de leur chevelure et de leur costume un peu déroutants, en dépit même de leur armement primitif — une hache et un sabre d’abattis — je n’aie pas été tenté un seul instant de les prendre pour des Malais. De sorte qu’au moment où celui qui paraissait leur chef commanda stop ! — interjection plus anglaise que française mais qui chatouilla délicieusement mes fibres natales — j’étais fermement résolu à entrer en pourparlers avec eux.

Ils accostaient la berge quand je quittai ma cachette. Par prudence j’avançai de quelques pas seulement, la main droite rivée à la crosse de ma carabine. L’effet de mon apparition fut aussi ahurissant qu’inattendu. D’un seul mouvement les six personnages debout et près de débarquer se cassèrent en deux, penchant leurs chignons sur le bordage de la barque ; puis ils relevèrent le buste progressivement tout en demeurant le front incliné dans une attitude de respect dévotieux.

Quelque peu éberlué et penaud comme tout homme qui se voit soudain revêtu d’un prestige dont il ne démêle pas la raison, je m’efforçai d’affermir ma voix afin de rompre la glace sans rien compromettre :