Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/287

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avait disparu, et je dois ajouter qu’il demeura définitivement introuvable.

Comme je m’approchais enfin de notre bungalow, une créature humaine émergea d’un soupirail. Je faillis m’évanouir de terreur, tellement mes nerfs étaient surexcités, mais j’eus vite reconnu un des Européens de la station, le timonier du yacht. Il était dans un état lamentable, le visage couturé de plaies, les cheveux roussis, traînant aux pieds des souliers calcinés et ramenant avec peine autour de son corps les lambeaux de ses vêtements. Il faisait partie de la troupe de Moustier, et s’était sauvé, affolé, au moment de l’explosion. Il avait passé la nuit et le jour suivant dans une anfractuosité de la grève, près des récifs nord. Mais à demi mort d’inanition, et croyant le yacht tombé aux mains des Purs, il avait fini par se décider à retourner à la station. Peut-être trouverait-il quelque nourriture dans un des bungalow épargnés ; peut-être même y rencontrerait-il des survivants de la catastrophe prêts à se joindre à lui pour faire face aux mille dangers qui menaçaient. Mais il n’avait pas tardé à acquérir la conviction que tous les habitants de la station avaient dû succomber ; personne, en effet, ne se montrait nulle part ni ne s’occupait