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pas, celui-ci s’arrêta net, parut s’ébrouer, et se rejeta de côté, invitant par signes les porteurs à en faire autant.

À la lueur d’un éclair, le chef vit des formes enchevêtrées étendues à terre, dans des flaques de sang. Il reconnut des silhouettes, et comprit qu’ils étaient arrivés à l’endroit où avait eu lieu la terrible fusillade. Tandis qu’il hésitait, cherchant un passage, les porteurs repartaient avec leur fardeau, reprenaient, sans lui cette fois, leur course en biais. Il dut se précipiter à leur poursuite. Mais la mer n’était plus qu’à deux pas. Il comprit qu’il ne lui restait aucun espoir de rattraper ni de maîtriser ces brutes.

Alors il dégaina, lança un appel strident. Le vieux se retourna et eut le crâne fendu d’un coup de sabre.

Il s’affaissa en hurlant de la plus horrible façon.

Terrorisés, les porteurs stoppèrent, lâchèrent leur proie et s’évanouirent dans l’obscurité. Quelques minutes s’écoulèrent durant lesquelles le chef se demanda ce qu’il allait faire.

La fraîcheur de la mer ranimait, peu à peu, celle qu’il avait sauvée, sa respiration était plus ample, plus régulière, mais elle avait encore les lèvres crispées, les yeux clos, le masque pâle