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Les deux guides désignèrent de la main les arceaux blancs de notre bungalow, d’un rose auroral à la lueur des flammes.

— C’est bien, fit-il, attendez-moi là. Et il s’élança dans la fournaise.

Cependant l’orage qui menaçait depuis plusieurs heures éclatait enfin. De larges gouttes tombèrent, sanglantes, reflétant le brasier. Un grondement sourd emplit les airs, d’un horizon à l’autre. On eût dit les violences de la terre tardivement répercutées dans le ciel. Telle était cependant la clarté des flammes qu’elle empêchait de voir les éclairs. Le chef s’était engagé dans l’allée sablée conduisant au bungalow. Un torrent d’eau sulfureuse la dévastait. Une fumée épaisse et suffocante formait voûte au-dessus de sa tête. Il marchait à petits pas, à demi aveuglé par les flammèches tombant des arbres qui brûlaient comme des torches. L’une d’elles mit le feu à sa veste blanche. Il se l’arracha de la poitrine, se brûla les mains. Puis sentant que sa chevelure prenait feu, il déroula sa ceinture et s’en enveloppa la tête.

Il arrivait enfin au péristyle du bungalow. Le cœur faillit lui manquer. Sur les marches trois cadavres étaient étendus, celui de M. Brillat-Dessaigne, la face violette, tuméfiée, les traits