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J’étais loin déjà. Je calculai que cent mètres environ me séparaient du yacht et pris le pas gymnastique afin de diminuer à tout hasard les risques courus. Rien ne troubla le silence profond de la nuit. L’obscurité d’ailleurs se dissipait graduellement à mesure que je me rapprochais de l’aire des rayons électriques. À une dizaine de mètres du yacht, j’entrai dans l’orbe lumineux proprement dit. Alors, voyant plusieurs canons de fusil briller dans l’un des sabords, j’étendis le bras et je criai :

— Arrêtez, malheureux !… pourquoi verser le sang des innocents ? Déjà vous avez tué un divin et quelques-uns de vos frères hindous… arrêtez !…

— Nous ne nous connaissons pas de frères, riposta le chef dont la silhouette émergeait d’une écoutille, et nous sommes heureux d’apprendre que les divins peuvent être tués aussi facilement que nous. La peur de la mort forcera le Père à satisfaire nos légitimes revendications.

— Personne n’a le droit d’attenter à la vie de personne, dis-je d’une voix ferme, et quiconque frappe sera frappé. Si vous ne demandiez pas l’impossible le Père aurait dès longtemps exaucé vos vœux.