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grisé par l’insolite et l’extra-normal de toute l’aventure, me chuchotait ses impressions.

— J’adore ça, moi, la petite guerre ; cela me rappelle le régiment, les grandes manœuvres… on brûle de la poudre aux moineaux… on massacre des ennemis chimériques… et c’est bien un peu notre cas…

Un ouragan de détonations lui coupa la parole. À cent-cinquante mètres devant nous, au-dessus des flots de la rade, des lueurs brèves déchiraient la nuit, indiquant que le feu de peloton venait du yacht. Les Purs avaient épié nos mouvements, leurs yeux habitués à l’obscurité nous suivaient pas à pas, discernaient nos gestes comme en plein jour.

— Ces bougres-là m’ont l’air d’être nombreux et bien décidés à nous vendre leur peau le plus cher possible, me souffla Moustier un peu dégrisé.

Nous allions bien savoir. Un faisceau de rayons laiteux balaya l’espace, parut hésiter un instant, puis s’immobilisa un peu au-dessus du niveau de l’eau, et, dans l’orbe lumineux, le yacht apparut avec les moindres détails de son gréement, sa coque blanche éblouissante, son fin bordage. Le pont d’ailleurs paraissait désert.