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geaient en sens inverse, couleur de terre sur le sol nu, instantanément verts, d’un beau vert végétal sitôt qu’ils arrivaient dans les rizières. Nos coolies en capturèrent quelques-uns.

Seul tenait bon encore le bataillon du joueur de biniou composé de l’espèce la plus humaine des Immondes, ceux de la formule vitelluscuciothentis unguiculatus déjà citée.

Les coolies les massacraient l’un après l’autre, non sans une sorte d’admiration terrifiée pour leur héroïsme, lequel pourtant n’était que le résultat d’une imbécile suggestion greffée sur l’instinct imitatif et collectif de ces êtres dépourvus de toute âme individuelle. Soit dit en passant les héros militaires en qui se spécialise parfois notre type chair à canon, sont, au moment où ils se font tuer en héros, les victimes d’une suggestion analogue.

Cependant, aveugle et sourd — au pied de la lettre — le vieux lémurien continuait à extraire de son biniou tous les nasonnements, toutes les éructations, tous les borborygmes de la plus japonaise des musiques de guerre. L’odorat seul parut l’avertir du resserrement graduel du cercle ennemi, car nous le vîmes tressaillir tout à coup, renifler avec force, le nez en l’air, en chien qui flaire, avec des petites