Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/241

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absolument à m’en procurer quelques échantillons vivants.

Les coolies avaient failli se débander et fuir au moment où arrivaient sur eux ces petits arcs-en-ciel rotatifs. Ils se rallièrent en voyant le premier rang culbuté par un jet de lance habile et tous les êtres qui le composaient s’éteindre aussitôt, joncher le sol d’autant d’outres flasques et ternes : leurs corps morts, leurs corps en forme de sac ovale au centre duquel bâillait et grimaçait, sous des houppes de filaments gluants, une ébauche de figure privée d’yeux. La pompe ayant suspendu son intervention, les monstres reprirent leur ruée fantastique, salués par un Ave Caesar retentissant de Moustier, dont la fastueuse ironie peu soucieuse des chronologies, évoquait tour à tour Waterloo et Byzance. Une véritable haie de pointes acérées les reçut où leurs files successives vinrent s’enferrer jusqu’au moment où un remous produit par l’agglomération des carapaces glissant les unes sur les autres, leur imprima une direction nouvelle, celle du bastion même où nous nous tenions. La pompe alors reprit son office, couchant sur le sol tous ceux qui dédaignaient de fuir ou n’y réussissaient point.