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nûmes, Yvonne et moi, les coups précipités du gong qui nous avait sauvés naguère de la plus horrible des morts. Alors une tristesse s’abattit sur nous, et je sentis l’épaule de ma femme frissonner contre la mienne. Cependant l’air ne vibrait pas, comme naguère, selon un rythme ample et apaisé. C’était au contraire une succession précipitée de coups secs qui sonnaient la charge. Mais rien ne bougeait dans les plantations où les Immondes s’étaient si bien dissimulés que c’est tout au plus si une palpitation anormale des arbustes ou des tiges décelait leur présence.

Les mugissements du gong s’éteignirent brusquement et, de nouveau, le silence absolu régna. Mais au bout de quelques minutes, le chant grêle et nasillard du biniou s’éleva sur le front du gradin le plus proche. Alors nous vîmes un spectacle étrange, déconcertant, bien fait pour terrifier les coolies qui n’avaient jamais ouï parler de la forêt en marche de Macbeth. La masse entière des tiges et des arbustes restés debout se déplaça, se porta en avant d’un seul mouvement, lent et coordonné ; on eût dit que toutes les cultures de la falaise prenaient vie et s’avançaient à l’assaut de la Résidence.

Moustier laissa échapper une imprécation :