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embrasée du soleil équatorial. Non point que des coups de fusil, tirés dans des conditions de légitime défense après tout, constituassent par eux-mêmes un fait extraordinaire et terrifiant, mais comment, avec quoi seraient-ils tirés, et par qui ? Telle était la question qui, pour l’instant, plissait nos fronts, et ajoutait, — peut-être ironiquement, — de l’hiératique à nos silhouettes immobiles, dans le cadre fleuri de la vérandah. Des fusils ! Sans doute, y en avait-il maintenant à la Résidence, grâce à l’initiative du portier qui avait passé une bonne partie de la nuit à trimballer des armes sous les arcades du vestibule, où elles éveillaient des sonorités fantastiques, dont toute la basse-cour fut réveillée. Mais ces armes, provenant du yacht évidemment, dans quel état pouvaient-elles être ?

En tout cas, si les fusils étaient utilisables, les cartouches devaient-elles faire défaut, car nous venions à l’instant même, d’entendre l’Alsacien chanter à tue-tête, en récitatif, avec une extraordinaire voix de ventriloque : « C’est de la poutre qu’il faut maintenant, de la poutre et des palles, comme dit la pallade de Fictor Huco », paroles dont il tira un peu plus tard un refrain spécial, abrégé et scandé sur l’air de C’est ta poire, etc…