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rel du monde comment on allait s’organiser pour passer la nuit.

— C’est bien simple. Je vais débarquer nos bagages essentiels et hâler le canot sur la grève jusqu’à cette anfractuosité où nous n’aurons rien à craindre de la marée. Nous nous y installerons de notre mieux, et comme je n’ai pas sommeil je ferai bonne garde jusqu’au jour pendant que vous dormirez. De plus, il y a plein de branches mortes, de bambous, de broussailles sèches dans la jongle, là-bas ; elles nous serviront à allumer un grand feu qui, s’il n’attire pas l’attention de quelque vapeur ou voilier, nous préservera du moins des visites indiscrètes des fauves et des carnassiers, serpents et moustiques compris.

— C’est vrai ; j’ai lu cela dans les livres de voyage illustrés.

— Moi aussi — un lien de plus entre nous, n’est-ce pas ?

Un sourire narquois éclaira ses lèvres, prouvant qu’elle appréciait le trait.

Ma besogne de hâlage et les préparatifs du feu me prirent une heure à peine ; cependant la nuit était brusquement tombée quand je pus enfin me rasseoir auprès d’Yvonne qui avait pris place dans le canot asséché.