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nous livrer ses secrets, et alors nous serons tout-puissants comme lui.

Cette fois la menace était trop directe pour ne pas me conseiller de faire machine en arrière, au risque de diminuer le prestige du « Père ».

— Malheureux ! vous courez à votre perte… Le Père ne peut rien pour vous ; ses secrets sont ceux que sa science dérobe à la nature ; ils sont à la portée de tous, de tous ceux du moins qui unissent une haute intelligence à une volonté persévérante et infatigable.

— Les secrets de la nature ne sont pas à notre portée ; le Père doit nous les livrer, ou sinon nous les lui prendrons de force… Tenez, regardez par là.

Son geste indiquait la lisière de la forêt, où, entre les arbres clairsemés, des ombres grises, éclairées en fauve par le brasier proche, se démenaient, couraient, s’enlaçaient, esquissant des farandoles ou se livrant à des acrobaties qui faisaient songer aux démons et aux sorcières du Brocken. Un son grêle comme celui d’un biniou d’enfant rythmait ces évolutions diaboliques, et je finis par discerner, contre un arbre, — rigide et terne comme lui, — le vieux lémurien fossile qui soufflait dans une