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passionnelles qui nous agitent. L’obscure folie d’étreindre et de se pâmer qui hante l’homme depuis l’origine des mondes, ils ne la connaissent point. Vous savez ce qu’est la volupté : un frisson que nous délègue la création, que dis-je, c’est la création même, depuis les âges les plus reculés, qui revit et qui remeurt en nous, l’espace d’un éclair, le temps strict que dure ce frisson.

Or, pour être apte à le ressentir, il faut être issu de la nature et non point d’une vaine formule chimique ; il faut être comme nous, des impulsifs c’est-à-dire des êtres sans cesse dominés par l’instinct sexuel qui résume toutes les impulsivités en général. Les Purs, vous le savez, sont affranchis de cet instinct, ils ignorent ses impétueuses exigences, ses rages démentes et parfois sanguinaires… Comment donc s’estimeraient-ils malheureux, c’est-à-dire troublés dans la jouissance de fonctions qu’ils soupçonnent à peine et qui ne correspondent chez eux à aucun organe ?

— La fonction pourrait peut-être créer l’organe, rétorquai-je en souriant. Mais en vérité, ajoutai-je aussitôt, un peu honteux de ma facétie, je crois que ce n’est pas tant la recherche du frisson génésique qui tourmente les Purs,