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rations intellectualisées, ils comprendraient tout seuls, mais ce sont des êtres artificiels, sans racines dans le passé humain, sans héritage mental, sans mémoire atavique, des êtres aussi complètement neufs que l’était le symbolique Adam lui-même… Alors ?

— Je reconnais que le dilemme est embarrassant… Car toutes sortes de considérations vous forcent à continuer de jouer le rôle du Dieu biblique inaccessible et inexorable dont on vous a affublé. Vous ne céderez pas parce que vous ne pouvez pas céder, et vous ne pouvez même pas, sans déchoir — puisqu’ils ne comprendraient pas — leur expliquer pourquoi vous ne pouvez pas. N’empêche que vous voilà en présence d’un groupe d’êtres qui vous reprochent de les avoir rendus malheureux en leur refusant systématiquement ce par quoi nous autres nous reprochons au Dieu biblique de nous avoir damnés : l’amour !

— N’est-ce pas ! s’écria M. Brillat-Dessaigne, heureux de souligner un trait qui l’absolvait.

Un court silence passa, puis il reprit : « Tout cela est ridicule… On ne s’explique pas chez ces simples la recherche de sensations inéprouvables, de sensations pour lesquelles ils n’ont pas de clavier ? Ils ignorent les tempêtes