Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/184

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quelque mystérieux et inépuisable déversoir comblait au fur et à mesure les vides survenus dans leurs rangs, car ni le crissement ni l’immonde reptation parmi les pousses vertes ne diminuaient. Dans l’espace maintenant dénudé qui s’étendait au pied de la cage aérienne c’était comme une prodigieuse marée grise qui ondulait entre les perches de bambou. D’un moment à l’autre celles-ci pouvaient être coupées, et le malheureux portier serait alors précipité à terre ou plutôt sur la masse grouillante et baveuse des poulpes qui ne manquerait pas de le houspiller et de le tatouer de la belle façon.

— Mais descendez donc de là, grand poltron, lui cria M. Brillat-Dessaigne, ou sinon il va vous en cuire.

— D’autant, enchérit Moustier, que ce que vous faites est complètement inutile… Tous les jeunes arbustes y ont passé, il n’en reste pas un debout, et quant à mater ces sales bêtes par la terreur il n’y faut pas songer, surtout avec des engins pareils.

Le savant chimiste paraissait réfléchir.

— Il est évident, déclara-t-il, qu’un moyen énergique seul est capable de nous débarrasser d’elles… un moyen énergique et radical.

— L’ébouillantage ? insinua Moustier.