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J’hésitai, une absurde fausse honte me prenait à la gorge, la même qui m’avait empêché de dire toute la vérité à M. Moustier, le trac du gamin qui ayant bouleversé un nid de guêpes, n’ose pas se plaindre d’elles au propriétaire de l’arbre. Cependant, un obscur pressentiment me poignait depuis la veille, de je ne sais quelle possibilité funeste que je devais conjurer en parlant. De sorte que je me décidai cette fois.

— Ils sont bien cinq mille… peut-être dix mille… peut-être même davantage.

M. Brillat-Dessaigne parut abasourdi. Sa surprise, toutefois, fut à peine perceptible pour moi, tellement cet homme avait d’empire sur soi. Quelques secondes de silence, et il reprit de sa voix la plus ordinaire.

— Alors il est évident qu’ils se sont reproduits à la façon des animaux inférieurs.

— Comment expliquer ce fait chez des êtres aussi élevés en organisation, presque humains sous certains rapports ?

— Cela ne peut s’expliquer que par les théories biochimiques dont je vous parlais tantôt. À l’état embryonnaire, ces monstres ont dû bénéficier d’une évolution considérablement accélérée, par nos réactions chimiques d’abord, ensuite par les influences dynamiques combinées du