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et leur développement actuels, et je pus calculer alors que la sénilité arriverait pour eux vers la dixième année (c’est-à-dire bientôt puisqu’ils ont neuf ans et demi environ), et qu’en tout état de cause ils ne dépasseraient pas le maximum de longévité d’un Terre Neuve. Les observations et renseignements que vous m’apportez prouvent au reste que je ne me suis guère trompé dans mes prévisions. Ils étaient trente en tout, et comme aucun d’eux n’est mort encore il est probable qu’ils disparaîtront tous ensemble, et cela dans un bref délai.

Bien entendu, j’avais, dès le principe, renoncé à les mêler à la vie sociale d’êtres plus fortement organisés. Mon entourage — Moustier excepté — ignorait leur origine ainsi que leurs tares physiologiques ; et le moment n’était pas venu de divulguer le secret de nos expériences. Nous les maintenions donc à l’abri de toute curiosité profane, et, dès qu’ils furent grands je les envoyai fonder une colonie fermée dans le sud de l’île où les Immondes ne s’étaient pas fixés encore.

C’est alors seulement que je m’aperçus que ce groupe d’êtres asexués, inindividuels, sans racines dans le passé, sans aucune attache humaine véritable, affranchis de toutes les passions déri-