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feuillets invaginés du blastoderme l’ébauche d’un embryon vertébré présentant tous les signes caractéristiques du fœtus humain. Je ne vous dirai pas non plus ma stupeur horrifiée en présence du monstre amorphe qui grimaçait derrière la paroi translucide de tel autre œuf. Des produits de bas volatiles s’étaient glissés parmi nos œufs d’aigles ! Et nous ne pouvions nous en prendre qu’à nous-mêmes, car notre inadvertance seule avait pu mêler à nos œufs humains, ces déchets de laboratoire. Peut-être aussi, suggéra mon collaborateur Moustier, fallait-il ranger ce coup de sorcellerie sous la rubrique « singuliers effets de la foudre », de cette foudre qui avait renversé notre marmite, ou du moins l’avait si bien secouée qu’il n’y restait plus trace de Bathybius.

Une simple boutade, mais racinée dans un fait qui n’était que trop certain : notre provision de Bathybius avait disparu, comme volatilisée, et du coup nos expériences prenaient fin, car je n’avais plus les capitaux nécessaires pour pratiquer de nouveaux dragages dans l’océan Indien. Le fond du réservoir était à sec et tout au plus ses parois ébréchées présentaient-elles encore quelques vestiges de protoplasme torréfié et fleurant la corne brûlée.