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du moins qui n’eurent pas pour but de repérer quelque essentiel détail de nos aventures antérieures. Nous sommes assis l’un en face de l’autre, lui, la tête droite, le menton dans la main, le verbe, haut, clair, coulant de source, avec toutefois un léger accent alsacien qui suscite, par instants, l’inénarrable portier en même temps qu’elle anéantit un lieu commun de plus, l’idée de race, — puisqu’une même souche humaine (le savant et le portier sont tous deux nés à Colmar) peut produire des types aussi éloignés l’un de l’autre.

— Oui, je conviens qu’il doit vous paraître plus qu’étrange que j’aie réussi à fabriquer de la substance humaine vivante, des hommes enfin à peu près semblables à nous. Moi-même, si la découverte était due à un autre, je ne croirais qu’après avoir, comme vous, vu et touché. Cependant n’exagérons rien. Ma part est en somme assez modeste, puisque non seulement, j’ai profité des travaux de mes devanciers, de tous ceux d’abord qui ont créé la chimie, puis des maîtres de la synthèse chimique courante, de la biologie et des sciences connexes, non seulement, dis-je, j’ai profité de tous les pas faits avant moi dans la même voie ou dans des voies parallèles, mais encore ma découverte a-t-elle,