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Brillat-Dessaigne avait disparu il y a une quinzaine d’années en faisant répandre le bruit que sa santé fortement compromise par le surmenage le condamnait à vivre désormais dans le repos et la retraite la plus absolue.

Par discrétion sans doute, M. Moustier ne me posait aucune question concernant le but même de ma démarche. Je crus devoir prendre les devants, et, sans autre précaution oratoire, je lui narrai très sincèrement nos aventures, exception faite de la périlleuse échauffourée du Val-Immonde, celle-ci me paraissant, à cause du rôle initial qu’y avait joué notre curiosité, de nature à nous nuire plutôt dans l’esprit de nos hôtes. Je lui exprimai néanmoins mon ardent désir d’entendre le grand savant m’expliquer de sa propre bouche le double mystère qui faisait de la pointe méridionale de l’île une sorte d’annexe de musée tératologique.

Le front de mon auditeur se rembrunit. Il jugeait le cas épineux. Il y avait bien des chances pour que le « maître » refusât de s’expliquer. Jamais il ne s’était ouvert à personne. Seul de tous les pensionnaires de la station, son chef de laboratoire était initié au secret de ses expériences et savait le rôle qu’elles avaient joué dans la genèse des Purs et des Immondes.