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s’échappa de nos deux poitrines gonflées d’allégresse : « Sauvés ! »

Dans un petit port interne que nous n’avions pas aperçu d’abord parce que le bastion en question le surplombait, un joli yacht blanc, dormait sur l’acier rouillé des eaux mortes, l’air un peu mort lui même avec son pont désert et ses cheminées éteintes, l’air d’avoir été laissé là à l’abandon depuis des années. Personne sans doute, à la Résidence, ne se souciait de lui rendre la vie et le mouvement.

Mais nous étions là, nous !… Et comme toutes les émotions ont leur choc en retour, la certitude du salut nous ôta temporairement l’envie de le réaliser, pour nous orienter avec frénésie vers les moyens de pénétration du mystère qui pesait sur l’île.

Dès le lendemain je me fis présenter à M. Moustier, le chef de laboratoire du Démiurge. Son bungalow était situé au haut d’une de ces avenues en berceau, qui, du sommet de la station, rayonnent vers la pelouse centrale, avenues à peu près rectilignes, au sol friable dont la glaise rouge éclate parmi le vert des gazons et fait songer aux entrailles saignantes de quelque gigantesque pastèque. J’avais à peine fait passer ma carte au domestique hindou