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maîtres d’hôtel, des cuisiniers, et nous qui croyions, il y a une quinzaine, aborder dans une île d’anthropophages !

Pour un peu elle eût dansé de joie. Je me mis moi-même à l’unisson de son enthousiasme, non sans faire quelques réserves visant l’élément « bâtons dans les roues » représenté au seuil de toute l’aventure par le précaire équilibre mental de l’Alsacien. Celui-là sûrement nous donnerait du fil à retordre. Mais ma femme voyait en lui une preuve de plus que le maître de la Résidence était bien l’homme de nos hypothèses.

« Il n’y a que les grands savants, tranchait-elle, pour s’entourer d’un personnel pareil. »

Cette première nuit, du reste, nous réservait quelques légers mécomptes. Une aubade donnée par des milliers de cigales nous tira tout d’abord du sommeil réparateur sur lequel nous comptions. Puis des singes hurleurs s’invectivèrent dans un bois voisin et ne se turent qu’après avoir réussi à faire sangloter on ne savait quel vieil oiseau de nuit. Alors, du côté de la basse-cour, deux autres voix gutturales s’élevèrent, de perruches ou d’aras, sans doute, l’une appelant à grands cris un « boy » imaginaire, l’autre objurguant l’énigmatique « Maria » à qui, dans