Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/121

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silence recueilli et méditatif du sapajou qui nous épiait du haut de son épaule. Je profitai du premier hiatus survenu dans sa faconde pour éclaircir la situation, lui donnant à entendre que si sa société nous enchantait nous eussions été extrêmement flattés aussi de voir le « batron ». Là-dessus nouveau bafouillage d’où nous extrayons les peu encourageants tuyaux suivants : le « batron », c’est bien simple, on ne le voit pas, on ne le voit jamais, il dit qu’il n’est pas fait pour être vu et d’ailleurs qu’il n’a pas le temps. M. Moustier, son chef de laboratoire — « car c’est un crant jimiste, le badron, un très-grand jimiste, insiste l’Alsacien » — M. Moustier, son second, a été chargé une fois pour toutes de le remplacer auprès des étrangers qui se présentent. Ceux-ci sont extrêmement rares comme bien l’on pense. Le « batron » a, de plus, désigné un bungalow, — celui-là même où l’on va nous conduire, pour être mis à la disposition des visiteurs appelés à séjourner pendant quelque temps à la station ; mais il est rare qu’il les traite ou même les reçoive personnellement.

— Moi qui vous barle, ajouta l’Alsacien, che l’ai vu teux ou trois fois de suite, il y a teux ans, quand che suis endré tans la maisson, et debuis blus… (un tressaut de son grand corps qui