Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/120

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dents… avant c’étaient des chénuflexions et des « monseigneurs » en veux-tu en voilà… ah ! y sont pien chanchés depis qu’y sont chez nous… si engore on savait d’où y sortent… des chumeaux à ce que dit l’aide du batron… et c’est tout ce que che sais… mais les autres, là-bas, ceux du sud, d’où que vous devenez, c’est kif-kif comme binette à ce qu’il baraît… c’est çà qu’est ricolo, bas ?… et pis, c’est des faux sauvâches pisqu’y sont plancs gomme nous… et qu’y parlent français gomme nous, seulement c’est des plancs qui n’ont chamais fait de service milidaire nulle part… moi, qu’est-ce que vous voulez, j’atmets pas des êdres qui n’ont pas bordé le flincot…

Nous nous étions assis pour laisser tarir la verbosité de l’Alsacien, et je remarquai alors seulement combien son teint était livide et plombé. On l’eût dit dévoré vif par l’anémie, les traits tirés, sans âge, avec à peine quelques poils de balai au-dessus de sa bouche linéaire, des fossés terreux remplaçant la chair fondue des méplats, la coupe du visage encore allongée par un commencement d’acromégalie, qui lui faisait un menton de Polichinelle. Et ce qu’il y avait de plus navrant c’était le contraste de son regard abruti et de sa volubilité de macaque avec le