Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à moins d’être protégés contre lui par les solides barreaux d’une cage de ménagerie. Enfin la forêt vierge est faite pour décourager les promeneurs, à cheval ou à pied, car les fourrés d’épines, les troncs d’arbres renversés, les herbes plus ou moins coupantes y transforment la marche ordinaire en un odieux exercice d’acrobate. L’humus lui-même s’en mêle en distillant un poison inconnu qui donne leur vie et leur éclat aux fleurs prestigieuses dont se parent les arbres, mais dont il est bon de ne pas expérimenter les effets sur sa propre personne.

Heureusement pour nous, nos éclaireurs trouvaient à chaque instant des chemins à peu près frayés, rendant la manœuvre du sabre d’abatis presque inutile, de sorte que nous avancions assez rapidement et que notre seconde étape put être portée au delà du point prévu. Nous avions gagné quelques kilomètres. Aussi atteignîmes-nous dès le surlendemain, avant la méridienne, la région des solfatares, — celle des rhumes de cerveaux artificiels, selon l’expression d’Yvonne que mes soudaines explosions sternutatoires — j’ai l’olfaction si subtile — renseignèrent sur la géologie des ambiances longtemps avant que le chef Pur nous eût déclaré que nous étions arrivés au terme de notre voyage.