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m’étais engagé à porter aux pieds du Démiurge, et dont je ne savais rien encore. Il avait été convenu en effet que le texte de ces vœux ne me serait communiqué qu’au moment de notre disjonction, soit que le chef ne se fiât pas à ma mémoire, soit que la matière elle-même ne fût pas tout à fait mûre encore dans l’esprit de son auteur.

De là, en somme, et malgré les témoignages d’affectueuse reconnaissance que nous lui prodiguions au hasard de nos chevauchées côte à côte, témoignages dont il était visiblement touché, de là, dis-je, le caractère sommaire de nos échanges de vue sur les incidents épiques de la veille. Le chef prétendait au reste ne pas s’expliquer la cause de ce soulèvement formidable et sans précédents, et je n’osais lui soumettre mon explication à moi qui est celle-ci : en sectionnant les deux êtres conjugués sous les yeux d’un membre de la famille peut-être, j’avais porté une main criminelle sur l’avenir de la race, et c’est de ce crime que les Immondes avaient voulu me punir. Vous conviendrez que notre ami était trop insuffisamment initié aux mystères de la genèse pour me suivre sur ce terrain. Quant au vieux lémurien il demeurait, pour lui comme pour nous, une repoussante énigme. Son