Page:Hobbes - Léviathan - Tome I.djvu/75

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 20 —

sée d’ordre Passionnel, comme par exemple un désir poursuivi ou entrevu, ou bien quelqu’autre passion gouvernant ou dirigeant vers elle les pensées qui suivent[1]. Les pensées sont dites alors vagabondes, elles semblent, comme dans un Rêve, ne pas s’adapter l’une à l’autre. Telles sont Communément les pensées de ceux qui non seulement sont seuls, mais sont aussi sans préoccupation. Leurs Pensées pourtant sont, même dans ce cas, aussi actives qu’à d’autres moments, mais elles sont sans harmonie. C’est comme le son que rendrait [un Luth mal accordé entre les mains de n’importe qui, ou] un Luth [bien accordé] entre les mains de quelqu’un qui ne saurait point en jouer. Et cependant, dans ce vagabondage effréné[2] de l’esprit, on peut souvent retrouver la route qu’a suivie la pensée et la dépendance d’une pensée par rapport à une autre[3]. Dans une Conversation sur notre guerre civile présente, quelle question pouvait sembler plus hors de propos que celle (que quelqu’un fit) à savoir quelle était la valeur d’un Denier Romain ? Cependant, la Cohérence était, à mon avis, suffisamment manifeste. La Pensée de la guerre fit naître celle du Roi livré à ses Ennemis. Cette dernière suscita celle de la trahison du Christ[4], et celle-ci la Pensée des 30 deniers, prix de cette trahison.

  1. Le latin dit : « là, il n’existe aucune passion gouvernant et dirigeant les autres pensées vers un but poursuivi ».
  2. wild ranging en anglais ; vagatio en latin (divagation).
  3. Le latin dit : « et la façon dont une pensée naît d’une autre pensée ».
  4. Le latin dit : « de proditione Jesu Christi ad Judæos », de Jésus-Christ livré aux Juifs.