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pour l’Oreille en un Son, pour le Nez en une Odeur, pour [la Langue et] le Palais en une Saveur et pour le reste du corps dans le Chaud, le Froid, le Dur, le Doux et telles autres quantités qui se discernent par le Toucher. Toutes ces qualités qu’on appelle Sensibles ne sont dans l’objet [qui les cause] qu’autant de mouvements [divers] de la matière au moyen desquels il impressionne nos organes diversement. Et, en nous [qui sommes impressionnés], il n’y a rien autre non plus que des mouvements différents ( ; car le mouvement n’engendre que le mouvement). Mais, ce qui nous en apparaît, aussi bien à l’état de veille que dans les rêves, n’est que Fantôme[1]. Et, de même que se comprimer, se frotter ou se frapper l’Œil nous donne un fantôme de lumière, que se comprimer l’Oreille produit un bruit, de même aussi, font les corps que nous voyons ou entendons par leurs actions qui sont puissantes, bien que nous ne les observions point [2]. Si les Couleurs et les Sons étaient dans les [Corps ou] Objets [qui les causent], ils ne pourraient point en effet en être séparés comme nous voyons qu’ils le sont par les miroirs et du fait de la réflexion dans les Échos[3] nous savons que la chose que nous voyons est en un endroit[4] ;

  1. Fancy en anglais, Phantasma en latin.
  2. Le latin dit : « de même aussi les objets que nous voyons ou entendons engendrent par leur action les mêmes fantômes ; mais cette action est inobservable ».
  3. Le latin dit : « en être séparés. Il est pourtant manifeste qu’ils le sont, lorsque les images se réfléchissent dans les miroirs et les sons dans les montagnes ».
  4. Le latin porte : « in uno tantum loco, en un seul endroit ».