matériaux. Sa confiance est telle en sa méthode que peu lui importe le nombre de pierres qu'il voit devant lui, à pied d'œuvre, pourvu que ce soient de bonnes pierres. L'édifice qu'il construira sera peut-être une maison exiguë, mais elle sera solide ses successeurs, pour en faire un palais, n'auront qu'à l'agrandir en continuant ses plans. L'avenir a justifié ses vues. Trois siècles auront bientôt passé, et les fondements de sa doctrine demeurent sans que nos penseurs aient encore pu en démentir les préceptes et l'on peut presque dire y rien ajouter.
Mais, plus que les vastes généralisations de Hobbes, les conseils de Bacon étaient faciles à comprendre. Peu à peu on en vint à croire que dans la Science les faits seuls comptent et que tout le reste n'est que vain discours. Dans le cas particulier de Hobbes, il semble bien que ce soit l'infirmité intellectuelle des Hommes qui soit le secret de leur injustice.
Aujourd'hui, où le souci de la technique et l'esprit de détail l'emportent décidément sur l'esprit de synthèse, où tend à se généraliser un mouvement qui aboutira, si par malheur il triomphe, à complètement tarir la source des effets de la Science, les conceptions de Hobbes sur la connaissance scientifique ont peut-être plus d'actualité encore que de son temps.