comme ayant pour destinée unique de fonder les arts c'est-à-dire de servir à l'industrie ; sa destination la plus directe et la plus élevée est à ses yeux de satisfaire au besoin fondamental qu'éprouve notre intelligence de connaître les lois des phénomènes.
Hobbes prend dans la question une position plus catégoriquement utilitaire. Il examine d'abord quel est le but de la Science, ensuite quelle est son utilité. Le but de la Science « est, dit-il[1], de tourner à notre avantage les effets prévus, ou, lorsque nous avons connu que des effets se produisent par l'action des corps les uns sur les autres, de produire artificiellement des effets semblables pour les usages de la vie humaine ». Et la Science n'a pas d'autre fin, car le plaisir que donne la découverte de vérités même très cachées n'est pas une récompense suffisante aux grands efforts qu'exige l'étude de la Philosophie. « La Science n'est bonne que pour augmenter la puissance. Faisons comme les géomètres les théorèmes pour les problèmes, c'est-à-dire pour savoir construire ».
Quant à son utilité il suffit pour s'en rendre compte d'apercevoir les avantages que les hommes en retirent, ou pourraient en retirer, principalement en ce qui regarde la Morale ou la Politique.
À vrai dire, je crois que la question posée ne peut être résolue sans avoir été dissociée préalablement.
Il faut considérer séparément l'effet de la Science, le but que poursuit celui qui la cultive, et enfin son utilité générale c'est-à-dire le motif pour lequel on doit en préconiser l'étude et l'encourager.
- ↑ Logica, I. 6. Trad. Destutt de Tracy.