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autre conséquence de cette guerre de chacun contre chacun est que rien ne peut être (6a) Injuste. Les notions du Droit et du Tort, de la Justice et de l'In- justice (63) n'ont point place dans cette condition. [Là où il n'y a pas de Puissance commune, il n'y a pas de Loi là où il n'y a pas de Loi, il n'y a pas d'Injus- tice.] La Force et la Ruse sont en guerre les [deux] vertus Cardinales. La Justice et l'Injustice ne sont des Facultés ni du Corps, ni de l'Esprit (64). Si elles l'étaient, elles pourraient se rencontrer dans un homme qui serait seul (65) au monde [, aussi bien que ses Sen- sations et ses Passions]. Ce sont des Qualités qui se rapportent aux hommes vivant en Société, et non pas aux hommes qui vivent Solitaires (66). Il résulte aussi de cette même condition qu'il n'y a en guerre, ni Pro- priété, ni Domination, ni Mien et (67) Tien [distincts], mais seulement qu'à chacun appartient ce qu'il peut prendre et aussi longtemps qu'il peut le garder. Et en voilà 'Tjien long sur cette misérable condition où la (6a) Le latin ajoute « dit ».
(63) Le latin dit simplement Les mots juste et injuste ». (64) Ch. de Rémusat (Histoire de la Philosophie en Angleterre depuis Bacon jusqu'à Locke. Paris, Didier, 1878, 20 édition, T. I, page 35a) traduit ainsi « Cette guerre de tout homme contre tout homme a pour conséquence que rien ne puisse être injuste. Les notions de droit et de tort, de justice et d'injustice n'ont là aucune place. Où il n'y a pas de pouvoir commun, il n'y a point de loi où il n'y a point de loi, point d'injustice. La force et la fraude sont à la guerre les deux vertus cardinales. Le Justice et l'Injustice ne sont des facultés ni du corps ni de l'esprit ».
(65) La latin ajoute « et unique ».
(66) Le latin dit « Ce sont des qualités qui se rapportent à l'homme non pas en tant qu'homme, mais en tant que citoyen ». (67) Le latin dit « ou ».