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de langage pour exprimer les Passions, car les Malédictions, les Serments, les Injures, et tout ce qui y ressemble n’ont pas de signification en tant que Discours, mais bien en tant qu’habitudes de parler[1].

Ces formes de Langage sont, dis-je[2] [des expressions ou] des significations volontaires de nos Passions, mais n’en sont pas des signes certains, et, cela, parce qu’on peut en user arbitrairement[3] [, que ceux qui en usent aient ou n’aient pas les Passions en question]. Les meilleurs signes[4] d’une Passion présente sont la contenance, les mouvements du corps, les actions, les buts ou visées que nous savons d’autre part que le sujet peut avoir[5].

Le Bien et le Mal apparents. — Et, parce que, dans la Délibération, les Appétits et les Aversions naissent de ce que nous voyons par avance les conséquences bonnes et mauvaises et les suites de l’action pour laquelle nous Délibérons, l’effet bon ou mauvais dépend de la prévision d’une longue chaîne de conséquences ; et, cette chaîne, on est très rarement capable d’en voir le bout. Mais, aussi loin que l’on puisse voir, si les conséquences bonnes l’emportent sur les conséquences mauvaises, la chaîne toute entière est ce que


    en anglais ; « Quid est ; Quando erit ; Quomodo factum est ; Quid ita ? » en latin.

  1. Le latin dit : « n’expriment pas les Passions en tant que mots, mais en tant que mauvaises habitudes de langage ».
  2. Au lieu de : « dis-je », le latin dit « à la vérité ».
  3. Le latin dit : « parce qu’ils sont volontaires ».
  4. Le latin dit : « les signes les plus certains »,
  5. Le latin dit : « sont ceux que l’on peut titrer, du visage, de l’attitude, des actions, des buts et des occupations (negotiis) des hommes ».