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sible ; jusqu’à ce moment nous conservons en effet la liberté de faire ou de ne pas faire suivant notre Appétit ou notre Aversion[1].

La Volonté. — Dans la Délibération, le dernier Appétit ou la dernière Aversion aboutissant immédiatement à l’action ou au fait de ne pas agir est ce qu’on appelle la Volonté[2], l’Acte, (non la faculté)[3] de Vouloir. Et les Bêtes qui ont la Délibération doivent nécessairement avoir aussi la Volonté[4]. La Définition de la Volonté [donnée communément] par les Écoles, à savoir qu’elle est un Appétit Rationnel, est mauvaise[5], car si elle était bonne[6] il ne pourrait y avoir d’Acte Volontaire contraire à la Raison. Un Acte Volontaire est en effet celui qui procède de la Volonté et rien autre chose. Mais, si au lieu d’un Appétit Rationnel, nous disons un Appétit résultant d’une Délibération précédente, alors la Définition est la même que celle que j’ai donnée [ici. La Volonté est donc][7] le dernier Appétit dans la Délibération. Et, bien que nous disions dans le Langage usuel que quelqu’un a eu à un moment donné la Volonté

  1. Le latin dit : « de faire ou de ne pas faire à notre gré, pro arbitrio ».
  2. Le latin dit : « … aversion aboutissant immédiatement à l’action au sujet de laquelle on délibère est la Volonté ; je dis ».
  3. « faculty » en anglais ; « potentia, puissance » en latin.
  4. Le latin dit : « d’où il s’ensuit que les bêtes, puisqu’elles délibèrent, possèdent aussi la volonté ».
  5. Le latin dit : « n’est pas légitime ».
  6. Le latin dit : « n’est pas légitime ».
  7. Les mots placés entre crochets sont remplacés dans le latin par « c’est-à-dire ».