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sion qui se trahit dans le fait de Rougir. [Elle consiste dans la conception de quelque chose de déshonorant.] Chez les jeunes gens, elle est un signe de l’amour d’une bonne réputation, et, on l’apprécie ; chez les vieillards, elle a la même signification, mais, comme elle vient trop tard, on ne l’apprécie pas[1].

L’Impudence. — Le Mépris de la bonne Réputation s’appelle Impudence.

La Pitié. — La Douleur que cause le Malheur d’un autre est la Pitié[2]  ; elle provient de l’imagination[3] qu’un semblable malheur peut nous atteindre, et, c’est pourquoi on lui donne aussi le nom de Compassion [et, dans le langage moderne, de Fellow-feeling] ainsi s’explique que, pour un Malheur qui vient à la suite d’une grande scélératesse, les meilleurs ont le moins de pitié[4] ; et qu’en face d’un même Malheur, ceux qui ont le moins de Pitié sont ceux qui pensent être le moins sujets à un malheur semblable[5].

La Cruauté. — Le Mépris du malheur des autres

  1. Le latin dit : « Chez les vieillards on ne l’apprécie pas parce que les vieillards sont moins dignes d’indulgence, minus Venia digni ».
  2. « Pitty » en anglais ; « Misericordia » en latin.
  3. Le latin dit : « de la considération ».
  4. Le latin dit : « c’est ce qui explique qu’un malheur qui arrive à l’auteur d’un grand crime excite beaucoup moins la Pitié ».
  5. À partir de « pour un malheur », G. Lyon, (La Philosophie de Hobbes, Paris, Alcan, 1893, p. 126) traduit ainsi d’après le texte anglais « Quand la calamité arrive par suite d’une grande scélératesse, les hommes les meilleurs ont le moins de pitié et, pour une même calamité, ceux-là ont le moins de pitié qui s’y jugent le moins sujets ».