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que les autres prennent la fuite, chacun supposant que son voisin sait pourquoi l’on fuit. Voilà pourquoi cette Passion ne se manifeste[1] que dans une [mêlée ou une] foule [populaire].

L’Admiration. — La Joie qui survient lorsqu’on apprend quelque chose de nouveau est l’Admiration et elle est propre à l’Homme, en raison de ce qu’elle excite l’appétit de connaître la cause.

La Gloire. — La Joie qui provient de l’imagination de sa propre puissance et de sa propre capacité[2] est ce triomphe de l’esprit que l’on appelle la Gloire[3] ; si elle est basée sur l’expérience de ses actions [antérieures], elle se confond avec la Confiance. — La Vaine gloire. — Mais, si elle est basée sur la flatterie des autres ou seulement supposée par soi-même, par complaisance dans les conséquences qu’elle comporte[4], on l’appelle Vaine Gloire[5] [, et, elle est bien nommée] : une Confiance légitime conduit en effet à Entreprendre  ; mais le fait de se supposer la puissance ne l’engendre pas ; c’est donc à juste titre que la Gloire dans ce cas est appelée Vaine[6].

Le Découragement. — Le Chagrin qui résulte de

  1. Le latin ajoute : « jamais ».
  2. « abilly » en anglais ; « Virtus » en latin.
  3. « Glorying » en anglais.
  4. Le latin dit : « par soi-même, en raison du plaisir qui suit habituellement les grandes actions ».
  5. « Gloria inanis vel vana » dit le latin.
  6. Le latin dit simplement : « La confiance engendre l’entreprise ; la vaine gloire ne peut la produire ». « Fiducia enim gignit Aggressum ; id quod inanis Gloria producere non potest ».