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L’usage De La Raison. — L’Usage et le But de la Raison n’est pas de découvrir l’ensemble des conséquences éloignées pouvant être tirées des définitions premières et des significations établies des noms, ni la vérité d’une ou de quelques-unes de ces conséquences[1] ; mais, partant de ces définitions premières, de procéder ensuite d’une conséquence à une autre[2]. Il ne peut y avoir en effet de certitude de la dernière Conclusion s’il n’y en a pas des Affirmations et des Négations sur lesquelles elle a été basée[3] et d’où elle découle. Si un maître de maison qui reçoit des comptes[4] additionne les sommes de toutes les notes de dépense en un total sans regarder comment le total de chaque note a été additionné par celui qui la fournit [et sans se rendre compte de ce qu’il acquitte], il n’en tire pas plus d’avantage que s’il admettait le compte en gros s’en remettant au savoir-faire et à l’honnêteté de chacun de ceux qui ont fait les notes[5] : de même, dans les Comptes en toutes les autres choses, celui qui base ses conclusions sur la foi des Auteurs et ne les tire pas[6] des [premiers Articles dans chaque

  1. Le latin dit : « de découvrir une ou quelques-unes des conséquences éloignées susceptibles d’être tirées des premières définitions des noms ».
  2. Le latin dit : « La Raison commence à partir des définitions premières, procède de là à une conséquence de plusieurs définitions, puis de là à une autre ».
  3. Le latin dit : « dont elle est composée ».
  4. Le latin dit : « qui examine les comptes de son intendant (villicus) ».
  5. Le latin dit : « que, si, se fiant au savoir-faire et à la probité de son intendant, il ne demandait pas qu’on lui rende de comptes ».
  6. « lui-même (ipse) » ajoute le latin.