rangeons la Raison parmi les Facultés[1] de l’esprit. La Raison en effet n’est en ce sens que le Calcul[2] (c’est-à-dire l’Addition et la Soustraction) [des Conséquences] des noms généraux convenus pour marquer et signifier nos pensées ; je dis les marquer quand nous calculons pour nous-mêmes, et les signifier quand nous démontrons [ou exposons] nos calculs à d’autres.
Où se trouve la Droite Raison. — Mais, de même qu’en Arithmétique, ceux qui manquent d’expérience doivent[3], et les Professeurs eux-mêmes peuvent, souvent se tromper et tomber dans l’erreur[4], de même dans les calculs portant sur autre chose[5] les plus habiles, les plus attentifs, ceux qui ont le plus pratiqué peuvent aussi faillir et aboutir à des Conclusions fausses ; non que la Raison en elle-même ne soit toujours une Droite Raison[6], tout comme l’Arithmétique est un Art certain [et infaillible] ; mais la Raison de personne, ni la Raison d’un aussi grand nombre que ce
- ↑ Le latin dit : « quand nous considérons cette dernière comme une faculté… ».
- ↑ « Reckoning » en anglais ; « Computatio » en latin.
- ↑ « must » en anglais qui s’oppose à « may » que j’ai traduit par « peuvent ». Must est moins fort que ne l’eut été ought, doivent nécessairement. Le latin dit d’ailleurs : « ceux qui manquent d’expérience font souvent (sæpe) (et non pas semper, toujours) de faux calculs… ». Sœpe s’oppose ici à « aliquando » quelquefois, qui concerne les professeurs.
- ↑ Voir note précédente pour la légère différence quo présente ici le texte latin.
- ↑ « in any other subject of Reasoning » en anglais ; « in Rationibus aliarum rerum » en latin.
- ↑ le texte latin est : « non quod Ratio non sit ipsa semper Recta Ratio ». L’anglais est moins clair : « Not but that Reason itselfe is alwayes Right Reason ».