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aucune Définition ; les Gens d’École et les Philosophes à l’esprit embrouillé[1] en ont forgé beaucoup.

D’autre part, ceux que l’on fait de deux Noms dont les significations sont [contradictoires et] discordantes, comme par exemple, parmi beaucoup d’autres : un corps incorporel, (ou ce qui est tout un) une substance incorporelle. Quand en effet une affirmation est fausse, les deux noms dont elle est composée [mis ensemble et] réunis en un seul ne signifient rien du tout. Si, par exemple, il est faux d’affirmer qu’un carré est rond, le mot carré rond ne signifie rien, ce n’est qu’un simple son. De même, s’il est faux de dire qu’une vertu peut être infusée ou insufflée, les mots vertu Infusée, vertu Insufflée sont [aussi absurdes et aussi] dépourvus de sens [que carré rond]. Et c’est pourquoi on ne rencontre guère de mots absurdes et dépourvus de signification qui ne soient fabriqués de quelque nom Latin ou Grec[2]. [Il serait bien exceptionnel qu’un Français comprit si l’on appelait notre Sauveur du nom de Parole, mais il comprendra d’ordinaire si on l’appelle du nom de Verbe ; cependant Verbe et Parole ne diffèrent qu’en ce que l’un est Latin et l’autre Français.]

La Compréhension. — Quand, en entendant un Discours, on a les pensées pour la signification desquelles les mots de ce Discours et leurs connexions ont été ordonnés et constitués, on dit alors qu’on com- [3]

  1. « pusled Philosophers » en anglais ; « laborantibus Philosophis » en latin.
  2. Au lieu de : « de quelque nom latin ou grec », le latin dit : « de noms inintelligibles pour le vulgaire ».
  3. Le latin dit : « Quand un discours fait naître chez celui