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HUMAINE.

ciſſoit & affoibliſſoit les conceptions, je veux dire la ſenſation ou l’opération actuelle de l’objet, eſt écartée ; en effet le ſommeil eſt la privation de l’acte de la ſenſation, quoique le pouvoir de ſentir reſte toujours ; & les rêves ſont les imaginations de ceux qui dorment.

§. 3. Les cauſes des ſonges & des rêves, quand ils ſont naturels, ſont les actions ou les efforts des parties internes d’un homme ſur ſon cerveau, efforts par leſquels les paſſages de la ſenſation engourdis par le ſommeil ſont reſtitués dans leur mouvement. Les ſignes qui nous prouvent cette vérité, ſont les différences des ſonges, (les vieillards rêvant plus ſouvent & plus péniblement que les jeunes gens), différences qui ſont dues aux différens accidens ou états du corps humain. C’eſt ainſi que des rêves voluptueux ou des rêves de colere dépendent du plus ou du moins de chaleur avec lequel le cœur ou les parties internes agiſſent ſur le cerveau. C’eſt