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DE LA NATURE

voir une évidence naturelle de ces choſes. Car, comme on a dit dans le Chapitre VI. §. 3., toute évidence eſt conception, & par le Chapitre III. §. 1, toute conception eſt imagination & vient des ſens. Or nous ſuppoſons que les Eſprits ſont des ſubſtances qui n’agisſent point ſur les ſens, d’où il ſuit qu’ils ne ſont point poſſibles à concevoir.

Mais quoique l’Ecriture admette des Eſprits, elle ne dit en aucun endroit qu’ils ſoient incorporels, dans le ſens qu’ils ſoient privés de dimenſions & de qualités ; & même je ne penſe pas que le mot incorporel ſe trouve dans toute la Bible ; mais il y eſt dit que l’Eſprit habite dans les hommes, qu’il deſcend ſur les hommes, qu’il va & qu’il vient, que des Eſprits ſont des Anges, c’eſt-à-dire, des Meſſagers ; tous ces mots impliquent localité qui eſt une dimenſion ; or tout ce qui a dimenſion eſt corps, quelque ſubtil qu’on le ſuppoſe. Il me paroît donc que l’Ecriture eſt plus fa-