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DE LA NATURE

mais elles n’ont point de nom ; néanmoins quelques-unes d’entre elles ont été obſervées par la plupart des hommes Par exemple, d’où peut venir le plaiſir que les hommes trouvent à contempler du rivage le danger de ceux qui ſont agités par une tempête, ou en gagés dans un combat, ou à voir d’un château bien fortifié deux armées qui ſe chargent dans la plaine ? On ne peut douter que ce ſpectacle ne leur donne de la joye, ſans quoi ils n’y courroient pas avec empreſſement. Cependant cette joye doit être mêlée de chagrin ; car ſi dans ce ſpectacle il y a nouveauté, idée de ſécurité préſente & par conſéquent plaifir ; il y a auſſi ſentiment de pitié qui eſt déplaiſir : mais le ſentiment du plaiſir prédomine tellement que les hommes, pour l’ordinaire, conſentent en pareil cas à être ſpectateurs du malheur de leurs amis.

§. 20. La grandeur d’ame n’eſt que la gloire dont j’ai parlé dans le premier