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véritable ; qu’il voulut que sa famille adorât celui qui avait parlé à lui de cette sorte comme le vrai Dieu créateur de l’univers et que sa foi ne consistât pas seulement en ce qu’il crut qu’il y avait un Dieu, et que ce Dieu était véritable en ses promesses, ce que tous sont obligés de croire ; mais en ce qu’il ne douta point que ce n’eût été Dieu, dont il avait ouï la voix et entendu les promesses. Ainsi le Dieu d’Abraham ne signifie pas Dieu simplement, mais celui qui lui était apparu ; comme aussi le culte que ce patriarche lui devait en cette considéra­tion, n’était pas un effet de son raisonnement, mais un hommage religieux de sa foi et de sa piété ; et de vrai ce n’était pas la lumière de la raison naturelle, mais une surnaturelle grâce de Dieu qui avait daigné se révéler à lui, sur laquelle sa dévotion était fondée.


V. Au reste, nous ne lisons point que Dieu eût donné, devant ni après le traité d’allian­ce, aucunes lois ni séculières ni sacrées à Abraham et à sa famille, hormis le commandement de la circoncision qui est compris dans l’alliance même. D’où il appert, qu’il n’y avait aucunes autres lois, ni aucun autre culte, auquel Abraham fût obligé, outre les lois de nature, le service raisonnable et la circoncision.


VI. Cependant, Abraham était dans sa famille interprète de toutes les lois tant sacrées que temporelles, non seulement par le droit de