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par les objets extérieurs qui frappent les organes, il ne faut pas estimer qu’il arrive en lui rien de semblable ; car cela montre une puissance qui dépend d’autrui, chose très contraire à une félicité parfaite. Celui donc qui voudrait ne donner à Dieu aucuns titres que ceux que la raison enseigne, devrait se servir de noms qui fussent ou négatifs, tels que sont ceux d’infini, d’éternel, d’incompréhensible, ou au superlatif, comme ceux du très bon, très grand, très fort, etc., ou indéfinis, tels que sont ceux de bon, juste, fort, créateur, roi et semblables ; et les employer en ce sens, que son dessein ne fût pas d’exprimer ce que son ineffable majesté est en elle-même (ce qui serait la renfermer dans les étroites limites de notre imagination) ; mais de confesser qu’en la voulant contempler, on est ravi en admira­tion et soumis à une entière obéissance, ce qui est demeurer dans les termes d’une respectueuse humilité et lui rendre véritablement le plus grand hommage qu’il est possible. En effet, la raison ne nous dicte qu’un seul nom qui signifie la nature de Dieu, à savoir, celui qui existe, ou simplement, celui qui est ; et un autre par lequel il se rapporte à nous, à savoir celui-là même de Dieu, qui comprend en sa signification ceux de roi, de seigneur et de père.


XV. C’est une maxime de la raison qui est de fort grande étendue, touchant les actions