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en réputation de grand crédit et de grande autorité, il arrive que l’honneur s’augmente par le culte qui lui est rendu et que souvent, de la réputation du pouvoir, l’on passe à l’acquisition d’une véritable puis­sance. La fin donc de celui qui commande ou qui souffre qu’on le révère, est de ranger par ce moyen, c’est-à-dire par l’amour ou par la crainte, le plus de personnes qu’il peut sous son obéissance.


XIV. Maintenant afin de savoir quel culte la raison naturelle prescrit de rendre à la divinité, commençons par ses attributs. Où d’abord nous découvrirons évidemment qu’il lui faut attribuer l’existence ; car, nous ne saurions avoir la volonté portée à honorer celui dont l’être serait purement imaginaire et que nous ne croirions pas exister dans la nature. En après, que les philosophes qui ont dit que le monde, ou que l’âme du monde (c’est-à-dire une de ses parties) était Dieu même, ont parlé indigne­ment de sa divine majesté, pour ce que non seulement ils ne lui attribuent rien, mais qu’ils l’ôtent du nombre des choses ; vu que par ce nom de Dieu on entend la cause du monde ; et qu’en disant que le monde est Dieu, ils font qu’il n’a aucune cause, ce qui est nier l’existence de la divinité. Que ceux-là aussi sont tombés dans la même absurdité, qui ont assuré que le monde n’avait point été créé et qu’il était éternel ; car ce qui est éternel ne pouvant