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reçu quelque défaite. Pareillement de ne tracer des fortifications et de ne mettre des garnisons aux places frontières, qu’après une invasion de l’ennemi ; c’est faire comme ces paysans, dont parle Démosthène, qui, ignorants de l’escrime, ne portent le bouclier qu’aux endroits où quelque blessure les avertit qu’il eût fallu le mettre. Et ceux qui estiment qu’on est assez à temps d’imposer des deniers pour l’entretien des soldats et pour les autres dépenses de la guerre, lorsque le danger commence de paraître, ne considèrent pas bien la difficulté qu’il y a de tirer tout à coup de si grandes sommes d’argent de la bourse des avares : car ce qu’on a mis une fois en ligne de compte, et ce dont on a fait état comme de son bien propre, est une chose à laquel­le on n’ose plus toucher ; et la plupart croient qu’on leur fait une injuste violence, quand on les oblige d’en contribuer une petite partie pour l’usage du public. Ce qui vient des foraines et des autres fermes dans les coffres de l’épargne, ne peut pas fournir en une nécessité pressante tout le fonds qu’il faut pour une prompte défense de l’État : de sorte qu’il faut avoir en temps de paix fait une bonne provision de finances. Puis donc qu’il importe si fort au bien des peuples de découvrir les desseins des ennemis, de tenir des armes et des places en bon état, d’avoir de l’argent tout prêt ; et que les princes sont obligés, par la loi de nature, de faire tous leurs efforts à