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en compagnie des affaires publiques et l’autre, à lire en leur particulier les historiens, les orateurs, les poètes, les politiques et tels autres auteurs, dont la lecture est aisée et divertissante. Or, cela les remplit de grandes pensées, et il n’y en a pas un qui ne s’estime pourvu d’assez d’esprit et de savoir pour manier les plus importantes affaires de l’État. Et parce qu’ils se trompent fort souvent en cette bonne opinion d’eux-mêmes, ou que quand bien ils seraient effectivement ce qu’ils croient d’être, ils ne peuvent pas tous être avancés en charges publiques, et il faut nécessairement que plusieurs demeurent derrière. Ceux-ci donc estimant qu’on leur fait grand tort, ne souhaitent rien davantage, mus d’envie contre ceux qui leur ont été préférés, et espèrent de se tirer par ce moyen de la presse, que de voir mal réussir les affaires ; et ainsi ce n’est pas de merveille, si cette sorte de gens épie les occasions de trouble et tient les oreilles ouvertes aux moindres bruits qui s’élèvent.


XI. Il ne faut pas que j’oublie parmi les dispositions séditieuses l’espérance de vaincre. Car, que les hommes soient, autant que vous voudrez, imbus des opinions contraires à la paix et au gouvernement de la république ; et que ceux qui gouvernent présentement les aient le plus maltraités du monde ; toutefois s’il n’y a aucune apparence d’être les plus forts, ou si elle n’est pas assez bien établie,