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nous lisons au deuxième chapitre de la Genèse, vers. 15. Tu ne mangeras point de l’arbre de science de bien et de mal ; et la plus ancienne des tentations du diable fut celle-ci, au chapitre suivant : vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal. Aussi le premier reproche que Dieu fait à l’homme est : qui t’a montré que tu étais nu, si ce n’est que tu as mangé de l’arbre duquel je t’avais défen­du de manger ? Comme s’il disait, d’où as-tu jugé que la nudité en laquelle il m’avait plu de te créer, est honteuse, si ce n’est que tu te veux arroger la connaissance de l’honnête et du déshonnête ?


II. Un péché est ce que l’on fait contre sa conscience : car en le faisant on méprise la loi. Mais il faut user de distinction. Je suis coupable d’un péché, lorsqu’en le commettant j’ai cru que je deviendrais coupable ; mais quand j’ai pensé qu’un autre en porterait la coulpe, j’ai pu le faire en certaine rencontre sans me rendre criminel. Car, si l’on me commande de faire une chose, dont celui qui la commande sera coupable, pourvu que j’obéisse à mon légitime Seigneur, je ne pèche point en la faisant. Ainsi, si je prends les armes par le commandement de l’État, quoique j’estime que la guerre est injuste, je ne pécherai point, mais je serais criminel si je refusais de les prendre, parce que je m’attribuerais la connaissance de ce qui est juste et de ce qui est injuste, que je dois laisser à l’État.