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doit point exécuter à mort son père, encore qu’il soit coupable, et condamné par les lois ; car il s’en trouvera assez d’autres qui feront cet office ; et un homme d’honneur mourra plutôt que de vivre infâme, et haï comme le bourreau de celui qui l’avait mis au monde. Il y a une infinité de cas semblables, où l’on peut refuser d’obéir, sans contrevenir pourtant à la puissance absolue : car en tous ceux qu’on peut alléguer, on n’ôte pas au souverain le pouvoir de faire mourir ceux qui lui désobéissent. Mais celui qui en use, bien qu’il se serve du droit qu’on lui a donné, ne laisse pas d’exercer une cruauté, de s’écarter du bon sens, de contrevenir aux lois de nature et de pécher devant Dieu.




Remarque :

  • [Absolue] « L’État populaire demande ouvertement un empire absolu, et les citoyens n’y résistent pas : car les plus grossiers reconnaissent une forme de ville en une assemblée de plusieurs personnes, et s’imaginent que les choses s’exé­cu­tent par de prudentes délibérations. Mais, si l’on regarde de bien près, on trouvera que le gouvernement d’une ville n’est pas moins monarchique que démocratique, et que les rois les plus absolus ont leurs conseillers, desquels ils prennent les avis, et auxquels ils donnent leurs arrêts à vérifier, quoiqu’ils ne leur laissent pas la liberté de les révoquer. Il est vrai que c’est une chose moins évidente, et que plusieurs conçoivent malaisément, que tout l’État est compris dans